
Même si le prix à la pompe s’est stabilisé ces derniers temps, le carburant reste cher. Certains conducteurs tentent des alternatives pour réduire la facture. La plus accessible consiste à s’approvisionner en gasoil domestique, aussi appelé mazout de chauffage. C’est ce qu’on appelle communément “rouler au rouge”. Le rouge fait référence à la couleur du mazout, différente du jaune clair du diesel ordinaire.
On parle souvent de mazout de chauffage mais il faut le distinguer du diesel rouge. Les deux carburants sont très similaires. Le premier a une teneur en soufre plus élevé et peut contenir des additifs spécifiques pour améliorer la combustion des chaudières. Le deuxième est de la même couleur. Il est disponible dans les stations service. Il sert essentiellement aux véhicules agricoles (tracteurs, moissonneuses) et aux engins de chantier (pelleteuses, bulldozers, rouleaux compresseurs, grues). Les deux diesels sont volontairement teintés de rouge pour les distinguer des autres carburants. Les pigments restent dans le réservoir même après plusieurs pleins au clair. Malgré cela, certains arrivent à tromper les contrôles en décolorant le liquide. Depuis début 2024, les nouvelles analyses permettent de détecter la fraude grâce à un traceur.
Qualité du mazout
On entend fréquemment dire que le gazoil détaxé serait de moins bonne qualité. Il contiendrait plus d’impureté et polluerait plus. Pourtant, selon différents experts, c’est exactement la même qualité que pour du diesel ordinaire. La seule différence — outre sa couleur — est son prix. Le rouge coûte un peu moins de la moitié du prix étant donné que l’État ne lui impose pas d’accises.
En tant que conducteur d’une voiture, il est interdit de rouler avec du diesel rouge ! C’est aussi valable pour les bus, les camions, les camionnettes, les motos, les scooters… circulant sur la voie publique.
Risques encourus
L’État interdit l’utilisation du rouge dans les véhicules en circulation sur la voie publique. Le contrôle se fait par la douane volante en collaboration avec les forces de l’ordre. Un agent extrait le carburant à travers un tuyau transparent. La perception immédiate est de 500 euros pour moins de 100 litres, 750 euros entre 100 et 300 litres et 1.250 euros pour plus de 300 litres. Les cas de récidives sont plus lourdement sanctionnés tout comme les fraudeurs avec un double réservoir. Les montants peuvent atteindre les 5.000 euros ! La fraude est estimée à 1,5 % en Belgique.
La seule exception concerne les véhicules agricoles mais uniquement sur leur terrain d’exploitation ou sur le chemin pour aller et revenir à la pompe.
Des pompes à disposition
Certaines stations service, comme Total, fournissent parfois ce genre de carburant de manière tout à fait légale1. La pompe est généralement écartée des autres. Un écriteau indique les risques encourus en cas d’abus: « Vente interdite pour l’alimentation sur des véhicules automobiles circulant sur la voie publique sous peine d’une amende de 625 à 3.125 euros. » Et c’est sans compter la récidive. Cela n’empêche pas le pompiste de facturer le plein de ses clients. On peut se demander alors à qui est destiné ce combustible ?

On estime que 30 % des foyers belges se chauffent au mazout de chauffage, principalement en milieu rural, là où il n’y a pas de gaz de ville. Pour remplir sa cuve de plusieurs milliers de litres, il est indispensable de faire appel à un camion. Pour le diesel rouge, il existe des usages variés comme certaines grues, des engins de chantier, un groupe électrogène, un moteur secondaire pour faire tourner une bétonnière… Cela peut également dépanner des gens qui se chauffent au mazout ou qui ont un chauffage d’appoint. La solution d’approvisionnement consiste alors à remplir des jerricanes à la pompe pour ensuite alimenter son chauffage. Se chauffer est considéré comme un besoin de première nécessité (et donc non taxé) contrairement au fait de se déplacer.
- Voir l’AM du 28/06/15. ↩︎