Roulage & Code de la route

Mes critiques de ces zones cyclables

Des aménagements peu intuitifs

Le gestionnaire de voirie définit comment se matérialise la visibilité de la zone. Pour en avoir vu à Bruxelles, Gand, Louvain, Jette, Anvers… les seuls aménagements concernent la pose de signaux routiers ad hoc et éventuellement un marquage au sol. À l’avenue Louise, un panneau additionnel rappelle les règles d’application. Preuve de sa totale incompréhension, même de la part des cyclistes trop habitués à rouler à droite de la chaussée.

zone cyclable, additionnel “interdit de dépasser les cyclistes”

En août 2021, la ministre régionale de la Mobilité annonce que désormais les rues cyclables à Bruxelles seront de couleur ocre. Des panneaux informatifs s’ajouteront aux signaux routiers obligatoires.

recouvrement couleur ocre pour cette zone cyclable (Arts-Loi)

Signal d’indication sans obligation de l’utiliser

À certains endroits, la zone cyclable s’ajoute à la chaussée ou à d’autres parties de la voie publique. Prenons le cas du boulevard Léopold II en direction de la basilique de Koekelberg. À l’origine, les cyclistes avaient leur place sur la bande bus (symbole du cycliste sur le panneau et marquage au sol). Depuis, les rues extérieures réservées au stationnement se sont transformées en rues cyclables. En tant que signal d’indication, il n’y a aucune obligation de l’emprunter si des alternatives existent. Naturellement, si tous les usagers respectent les règles de circulation dans cette rue, il est plus sécurisant et plus agréable pour un cycliste de les emprunter.

Les cyclistes ne sont pas tenus de tenir leur droite

La rue cyclable autorise les cyclistes à occuper toute la largeur de la chaussée. On peut donc laisser gambader les gamins au milieu de la route ou même tout à gauche. Bien que la recommandation est d’installer ce type d’aménagement sur des espaces étroits où le placement d’une piste cyclable est impossible, je trouve le principe dangereux pour les cyclistes eux-mêmes.

Une des grandes règles du Code de la route est de circuler à droite de la chaussée. Cela garantit un croisement sans accroc. Les cyclistes plus rapides peuvent dépasser sans risquer qu’un autre déboîte de sa trajectoire et d’éviter les à-coups dus aux ruptures de rythme. On peut imaginer une famille de sortie avec ses deux enfants à vélo. Tout le groupe avancera au rythme de plus jeune.

même si le cycliste est lent, interdiction de dépasser

Peut-on vraiment imaginer un cycliste en découverte de la ville occuper toute la largeur de la chaussée et un automobiliste pressé contraint de rester derrière sans broncher ? Dans les recommandations du gestionnaire, il est prévu que cet espace soit suffisamment court sur la longueur pour éviter la frustration des automobilistes et diminuer le risque de dépassement. Si ces rues cyclables viennent s’ajouter à des rues voisines congestionnées, le report du trafic va se faire inévitablement sur la zone cyclable. C’est le cas de la rue Vanderkindere à Uccle.

La rue Vanderkindere; le mauvais exemple

En juillet 2021, la commune d’Uccle se félicitait d’avoir donné le statut de rue cyclable à une des plus longues rues bruxelloises: la rue Vanderkindere. Malheureusement, on a plus l’impression qu’il s’agit d’un effet de communication plutôt que d’une avancée positive pour les cyclistes. L’endroit ne se prête pas du tout à ce concept. Le tronçon est déjà relativement long, qui plus est, il est entrecoupé de nombreux carrefours.

rue Vanderkindere (Uccle), zone cyclable dans les deux sens

Au niveau du trafic routier, c’est un axe extrêmement fréquenté par les automobilistes. Il comporte de nombreux commerces et du stationnement de part et d’autre de la chaussée. L’idée d’une rue cyclable est de diminuer le trafic automobile et d’encourager ainsi les cyclistes à l’emprunter. Dans le cas présent, on ne voit pas très bien comment le trafic automobile va diminuer. Cette cohabitation étroite entre voitures et cyclistes n’est pas souhaitable. Elle est dangereuse, crée un inconfort et de facto un sentiment d’insécurité. Résultat des courses, les cyclistes préfèrent choisir des itinéraires plus sécurisants.

Chose encore plus incroyable, la rue cyclable est bidirectionnelle dans une voie à sens unique limitée. Les cyclistes, les speed pedelecs, les trottinettes peuvent circuler dans l’autre sens. Si on en croit le texte de loi, que ce soit dans un sens ou dans l’autre, ils circulent sur la moitié de la largueur située du côté droit de la chaussée. Dans le sens opposé, une maman et ses enfants peuvent théoriquement circuler face aux voitures. Heureusement, le vadémécum sur la rue cyclable recommande un grand marquage au sol au centre dans le sens “normal”  et des pictogrammes de vélos plus petits en contre-sens. Cela permet de rendre l’aménagement plus visible dans un sens mais pas forcément dans l’autre sens. Les automobilistes stationnés en sens contraire qui se remettent dans la circulation n’ont aucune visibilité sur des vélos électriques toujours plus rapides. Même chose pour les piétons qui veulent traverser. Ils sont priés de regarder dans les deux directions alors que la rue est à sens unique limité. Enfin, je constate que les cyclistes autorisés à rouler en contre-sens respectent peu la priorité de droite !

Pour information, le Gracq n’a jamais été consulté pour ce projet. Ce n’est évidemment pas obligatoire mais ça permet d’avoir un avis éclairé d’une association bien installée à Bruxelles. La raison doit sans doute tenir du fait que les autorités communales s’attendaient à de sérieuses réserves. D’ailleurs, une demande de subsides auprès de Bruxelles Mobilité a été faites mais la Région a rendu un avis négatif ! Preuve en est que ces aménagements ne sont pas crédibles.  Il ne suffit pas de mettre quelques signaux routiers et un marquage pour faire venir les cyclistes.

L’avenue Louise; autre mauvais exemple

On a là un axe central bi-directionnel fréquenté par un trafic dense qui fait le tour de la petite ceinture. Les voies latérales servent au stationnement (commerces, habitations) et aux vireurs. Elles servent inévitablement aux voitures. Les lieux servent donc aux véhicules automobiles. À moins de supprimer le stationnement, je ne vois pas trop bien comment on pourrait réduire ce flux. Il y a là une cohabitation permanente entre des usagers plus vulnérables et des engins de plus d’une tonne. Vu la pression des voitures, les cyclistes ont pris l’habitude de rouler toujours bien endroit. Se faisant, ils facilitent le dépassement par les voitures alors qu’il est interdit.

zone cyclable à Bruxelles
les trottinettes et les vélos roulent bien à droite

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Morgan en conduite

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